Addict

addictAddict
de Jeanne Ryan

Éditeur : Robert Laffont – Collection R
ISBN : 978-2-2211-3410-8
Prix public : 16.90 €

Présentation de l’éditeur :

Un jeu sans règle ni pitié. Qu’êtes-vous prêt à perdre pour gagner ? Vee, dix-sept ans, est sous l’étroite surveillance de ses parents depuis qu’ils l’ont retrouvée quelques mois auparavant endormie au volant de la voiture familiale, dans le garage, moteur allumé. Elle a beau plaider l’accident et non la tentative de suicide, elle n’a pas le droit de sortir sauf pour jouer son rôle de maquilleuse-costumière dans la production théâtrale du lycée. Un soir, elle décide de relever l’un des défis proposés par ADDICT, jeu trash de télé réalité diffusé sur le Net qui promet des cadeaux somptueux contre des paris toujours plus pervers. Mais voilà qu’elle est sélectionnée, à sa grande surprise. Pour se sentir enfin vivante, Vee va alors accepter des défis de plus en plus malsains… Jusqu’à quelle dose d’adrénaline pourra-t-elle survivre ?

Mon avis :

Addict nous plonge dans l’univers de Vee, une jeune fille de 17 ans passionnée de théâtre et de mode. Notre héroïne est présentée comme une personne intelligente, un peu timide et dévouée à ses amis. Un jour elle décide de relever l’un des défis d’Addict, le nouveau jeu qui fait sensation auprès des adolescents. Plusieurs raisons l’y poussent : la sensation d’être toujours dans l’ombre, le désir d’attirer l’attention du crétin arrogant dont elle pense être amoureuse… Se prouver qu’elle peut le faire, tout simplement. Et puis, finalement, ce n’était pas si terrible… alors pourquoi ne pas continuer ? D’autant plus que les lots proposés par le jeu sont franchement alléchants. Mais voilà, au fur et à mesure les défis deviennent de plus en plus pénibles.

Même si au premier abord Vee m’a paru attachante, j’ai eu envie de lui coller des claques lorsqu’elle acceptait de nouveaux défis. Et pourtant, elle a beau se comporter comme une véritable idiote, je ne parvenais pas à la détester. Il y a quelque chose dans ce personnage et dans sa manière d’agir qui m’intriguait, me fascinait. Ce n’est que ce matin, deux jours après avoir posé le livre que j’ai réalisé pourquoi : Vee est un personnage terriblement réaliste et crédible dans ses réactions. Quand j’étais ado, j’ai trop bien connu ce désir de faire des bêtises, poussée par le groupe, avec l’espoir « d’exister ».

C’est facile de se dire, parce qu’on est devenu adulte, ou parce qu’on est un lecteur bien au chaud dans notre fauteuil « Non mais franchement, elle est vraiment trop idiote, moi j’aurai pas fait ça ! ». Il n’empêche qu’on a tous été adolescent un jour, et que Vee, ça aurait pu être nous.

Plus saisissant encore, le jeu en lui-même, Addict. Quand la « télé-réalité » a commencé à se développer à partir de 2001, devenant de plus en plus trash pour satisfaire un public toujours plus exigent, cela a amené une question : jusqu’où pourrions nous aller ? Je me souviens que nous en avions longuement débattue en cours de Culture G il y a deux ans, et nous en étions arrivés à la conclusion que finalement, tant que les personnes sont consentantes, peut-on les juger ? Addict aura eu le mérite de m’apporter une vision nouvelle, car si Vee est en effet consentante, elle est aussi victime. Victime de la perversité du public, victime de l’argent facile. Et victime du je-m’en-foutisme général, car tout le monde est convaincu que tout est scénarisé, sous contrôle.

La fin m’aura laissée dubitative. Je trouve intéressant que tout ne soit pas si facile, mais le revirement final m’a vraiment paru too-much. De même, en arrivant aux dernières pages, je me suis demandé à quoi rimait l’introduction, finalement ? A rien, on aurait tout aussi bien pu s’en passer.

Autre point que j’ai trouvé dommage : le fait que les parents sont totalement relégués au second plan. L’histoire de l’accident de Vee a une place importante dans le roman, et cela a entrainé un problème de confiance entre elle et ses parents. Du coup, je m’attendais à une confrontation, au moins sur la fin, mais c’est tout juste si l’auteur en parle sur un paragraphe. Et pour dire quoi ? « Notre fille a fait la plus grosse bêtise de sa vie, elle a faillit y rester, mais on a vu qu’elle n’était pas suicidaire, alors on décide de lui refaire confiance. » Bien sûûûûûr ! Et la marmotte…

Enfin, dernier commentaire sur la traduction. Le livre s’intitule Nerve en anglais, traduit par Addict en VF. J’imagine donc qu’en VO, le jeu doit  également s’appeler Nerve. Alors autant je trouve que le titre VF s’adapte relativement bien au livre, autant, appeler un jeu qui « joue sur les nerfs » des participants Addict, je ne saisis pas bien le rapport. Dommage.

En résumé :

Addict est un roman qui repose sur la psychologie et le réalisme. A l’exception de quelques petits détails, tout semble terriblement crédible. Le pari est donc remporté avec brio, car bien que les dérives du jeu puissent nous paraitre aberrantes, il est tout à fait possible qu’un jour la réalité prenne le pas sur la fiction. A méditer…

4 réflexions sur “Addict

  1. Perso il ne m’a pas donné envie de le lire, parce que ta chronique me permet tellement bien d’imaginer ce qui m’attend que je sais que je ne vais pas passer un bon moment… rien que l’attitude des parents me donne déjà envie de jeter le livre sur un mur 😀
    Donc bravo pour cette chronique, et pour le roman, je passe mon tour !

  2. Ca me fait penser au jeu inspiré de l’expérience de l’autorité. Jusqu’où irons nous pour donner la décharge de mort ? Au fond la figure d’autorité des scientifiques n’est-elle pas remplacée par l’archétype du public sans visage précis ? Bref, malgré une chronique en demi-teinte, ma curiosité est titillée !

  3. Très bonne chronique, je pense que c’est un livre qui serait très intéressant à lire, surtout pour accorder un peu moins d’importance à la téléréalite !

    Bonne continuation !

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