Les héros dépressifs et hypersensibles

Voilà plus d’un mois que je n’ai pas posté de nouvel article, harem… Heureusement, le Salon Fantastique est passé par là, et une discussion m’a donné envie d’écrire ce nouvel article.

J’ai parfois entendu des lecteurs dire :

« Je n’ai vraiment pas aimé ce livre, le héros est complètement mou, il se plaint tout le temps et semble se complaire dans ses problèmes. Ça donne envie de lui tirer une balle pour l’achever ! »

Bien sûr, il m’est déjà arrivé d’avoir envie de secouer un peu certains héros. Par contre, dans certains cas, ce genre de remarques passent plutôt mal. ^_^ ( <= Smiley pour montrer que je ne dis pas ça d’un ton fâché.)

Je vous parlerai ici du cas d’Hiver noir, puisqu’il s’agit du roman au cœur de la discussion qui m’a donné envie de faire cet article.

Hiver noir est une novella – ou roman court – qui vient de paraitre chez Flammèche. Quand le manuscrit est arrivé, la présentation m’a séduite, mais j’ai malgré tout beaucoup hésité. Peu d’action, des passages pas toujours très clair qu’il allait falloir corriger, et une de mes lectrice du comité qui m’a clairement dit non.

Au final, ce n’est qu’à la dernière relecture que je me suis vraiment dit que je ne regrettais pas ce choix. Mais qu’il allait falloir trouver à cet ouvrage le bon public, et que là-dessus, ça allait devenir compliqué.

Mélisande, l’héroïne du roman, est une jeune fille mélancolique et qui n’a pas une très haute estime d’elle-même. Elle a tendance à se dévaloriser tout en voyant sa meilleure amie comme la fille parfaite, le modèle à suivre. Elle tente de ne pas voir toujours tout en noir, mais ne peut parfois pas s’en empêcher.

En clair : elle est hypersensible et dépressive.

La dépression, c’est quelque chose de très vaste, impossible à définir car je ne suis pas psy et j’imagine que toutes les personnes touchées ne doivent pas la ressentir de la même façon. Mais est chose est sûre, la dépression c’est une maladie.

Pour quelqu’un qui ne connait pas ou qui n’a pas de proche touché, je comprends que se trouver brutalement confronté à une personne en dépression puisse être passablement irritant. Quand on est malade, le moindre petit problème prend des proportions dramatiques. On ne veut pas les affronter parce qu’on est persuadé qu’on n’y arrivera pas. Du coup, les gens autour de nous pensent qu’on le fait exprès, qu’on cherche juste à se faire plaindre, et que si on le voulait vraiment, on pourrait se sortir de là.

Si seulement.

Quant à l’hypersensibilité, pour faire simple, c’est le fait de ressentir les émotions puissance 10. Ce n’est pas un trouble en soi (enfin, dans mon cas, je ne le perçois pas de cette manière), mais c’est un terrain fertile pour la dépression ou les phobies.

Le personnage de Mélisande a trouvé un fort écho en moi. Sa manière d’être, de réagir, c’est un peu moi dans mes pires moments. Dans l’un des passages, elle sait qu’il se passe quelque chose de grave dans la pièce à côté. Elle sait qu’elle devrait intervenir, mais elle reste prostrée jusqu’à ce que ça passe. Dans un roman, on a vite fait de condamner un tel comportement, mais personnellement, je sais que j’aurais fait exactement pareil.

Voilà pourquoi j’aime ce roman : l’héroïne est vraie, elle est humaine. J’admire le travail de l’auteur, qui a réussi à créer un personnage vivant. Et c’est très important car tout le roman repose là-dessus : la psychologie, les sentiments négatifs, la noirceur. Je pense donc qu’Hiver noir a atteint son but.

Le plus souvent, lorsque je lis un roman, je recherche des héros forts, qui accomplissent des exploits que je ne pourrais jamais réaliser. Des fois, je me projette carrément dans l’histoire en me créant un personnage qui est tout le contraire de ce que je suis, mais qui est exactement ce que je voudrais être – en fanfiction, on appellerait ça une Mary-Sue. D’une certaine façon, ça m’aide à me sentir mieux.

Tomber sur un roman dans lequel le personnage a toutes mes « tares » devrait peut-être m’irriter. Mais finalement non. En fait, c’est presque autant un soulagement que mes « Mary-Sue » : la preuve qu’une héroïne peut être dépressive et vivre de grandes choses.

(Enfin, dans le cas d’Hiver noir, on repassera, ça reste très très noir.)

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Bref, je digresse. Tout ça, à la base, c’était juste pour dire que ça serait bien d’être un peu indulgent avec les héros dépressifs. On a tous des ressentis différents face aux livres, mais si un personnage tient la route, essayez de ne pas trop l’attaquer sur son caractère, ce serait cool. Car, par extension, ce sont toutes les personnes « comme lui » que vous attaquez.

🙂

Une réflexion sur “Les héros dépressifs et hypersensibles

  1. J’ai tendance à râler sur les personnages dépressifs quand c’est trop et trop souvent (Harry Potter qui se plaint tout le temps, Fitz Chevalerie dans L’Assassin Royal qui se complait sur lui même et répète les mêmes erreurs. C’est plutôt cette complaisance sur soi qui m’énerve quand le personnage n’évolue pas. Hiver noir n’a pas l’air de rentrer dans cette catégorie. Du moins j’ai l’impression que le caractère du personnage se justifie dans le type de roman et ce qu’a voulu faire l’auteur. Je suis pas claire. Breeef : cet article m’a donné envie de lire cette novella ! 🙂 Et bravo pour ta défense des gens qui se sentent pas bien au milieu d’un monde où montrer qu’on est heureux est presque une norme sociale ! (peut-être que j’exagère mais parfois je le ressens comme ça)

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