Quand on est auteur, on a tendance à voir l’édition comme la reconnaissance suprême de notre talent. Après tout, on a été choisi par une personne qui s’y connait en littérature, et qui accepte de miser sur nous. Il y a plus d’un an, j’avais déjà posté un court article pour expliquer que, selon moi, la véritable reconnaissance passe par le public.
Régulièrement, je lis ou j’entends des auteurs qui angoissent à l’idée d’envoyer leur texte à un éditeur ou qui considèrent le refus comme un échec personnel. Donc, aujourd’hui, j’ai envie de parler de toutes les raisons qui peuvent pousser un éditeur à refuser un texte. Liste non exhaustive.
1 – Trop de corrections
Vous avez une bonne histoire, mais voilà, le style est pour le moins bancal, et/ou vous n’êtes pas très doué en orthographe. « Qu’à cela ne tienne ! » vous dites-vous, les maisons d’édition ont des correcteurs pour vous aider à palier à ce problème.
Oui. Mais non. Avec un micro-éditeur tout jeune qui se lance à peine ça pourra peut-être fonctionner (…), mais dites-vous bien que votre éditeur a une maison à faire tourner, et qu’il n’a pas six mois à consacrer exclusivement à vos corrections. C’est donc à vous de trouver une solution pour mettre toutes les chances de votre côté. Par exemple en rejoignant une communauté de bêta-lecture basée sur l’entraide tel que Cocyclic.
Conseil : Avant tout envoi à un éditeur, soyez SÛR que votre texte est le plus abouti possible. (On ne le répètera jamais assez.)
2 – Le roman n’a pas séduit
Vous avez un bon style, une histoire accrocheuse, mais voilà, on vous envoi quand même un refus… « WTF ? » pensez-vous.
Il serait naïf de croire que le choix d’un éditeur se fait de manière totalement objective et rationnelle. D’ailleurs, nombre d’entre eux comme le Chat Noir reconnaissent ouvertement fonctionner au coup de cœur. Si la petite étincelle ne prend pas, il est possible que votre texte soit laissé de côté au profit d’un autre.
Dans ce cas-là, c’est toujours très délicat : les goûts et les couleurs, ça ne se commande pas. Si votre histoire n’a pas réussi à plaire, vous n’y pouvez pas grand chose. Toutefois, avec un peu de chance, l’éditeur motivera son refus et vous détaillera les raisons pour lesquelles il n’a pas accroché.
Mon conseil : Ne baissez simplement pas les bras. Si c’est uniquement une question de goût, vous finirez bien par trouver un éditeur un jour. (Et j’insiste sur le « uniquement » : il y a rarement une seule raison à un refus.)
3 – Le texte ne correspond pas à l’esprit de la maison, voir est carrément hors ligne éditoriale
Votre roman est terminé, prêt à être envoyé. Grâce à Google, vous avez dressé une longue liste d’éditeurs dont vous ignoriez les noms jusque là, et vous envoyez votre manuscrit un peu partout dans l’espoir de multiplier vos chances.
Cette étape de recherche n’est pas à négliger, mais connaissez-vous réellement les maisons que vous contactez ? Une ligne éditoriale ne se limite pas uniquement aux genres publiés par la maison, c’est aussi tout un esprit.
Prenons par exemple les éditions du Petit Caveau. Leur ligne éditoriale : les récits vampiriques. Pourtant vous ne verrez pas chez eux la moindre copie de Twilight.
Mon conseil : Lorsqu’une maison vous intéresse, prenez le temps de lire leurs publications. Pas toutes, bien sûr, une ou deux suffiront largement. Et si vous grimacez rien qu’à l’idée de la fin de mois qui vous attends, essayez de voir s’ils proposent des extraits en ligne. (Au besoin, demandez-leur.)
4 – Planning 2015 : six nouveaux titres prévus, mais pas le vôtre
Vous guêtriez depuis des semaines l’ouverture des soumissions de la maison Trucmuche. Une fois l’envoi fait vous croisez les doigts et priez très fort. Mais pas encore assez…
Vous vous en doutez, lorsqu’une maison rouvre ses envois, c’est la ruée. Malheureusement, à côté de ça, la maison doit faire en fonction de ses moyens. Impossible de publier quatre titres par mois si on n’a pas la trésorerie qui suit derrière. Donc, il n’est pas rare qu’un éditeur se retrouve avec trois ou quatre manuscrits publiables pour un contrat.
Certains éditeurs ont leur méthode pour essayer de ne pas passer à côté de la perle rare malgré cette restriction : publication primo-numérique, ajout des titres sur les planning des années suivantes, etc. Néanmoins, il faut bien faire un choix.
Mon conseil : Ne prenez pas ça comme un échec : vous n’y pouvez rien. Voyez-le comme une victoire : après tout, vous êtes passé à deux doigts. Et puis, essayez d’en discuter avec l’éditeur, on ne sait jamais…
5 – Le facteur relationnel
A l’heure d’internet, beaucoup d’auteurs cherchent à obtenir le maximum d’informations sur telle ou telle maison : quel type de contrat, quelle diffusion, et parfois quelle ambiance.
Là, je vais parler en mon nom. Si pour certains auteurs, il est important de se sentir soutenu par son éditeur, je trouve, en tant qu’éditrice, que l’inverse n’est pas moins vrai. Pour moi, la relation auteur-éditeur doit être basée sur la confiance et le respect. Comment pourrais-je avoir envie de défendre un livre si l’auteur m’exaspère ?
C’est pour cette raison que lorsqu’une décision est prise concernant un manuscrit, j’essaye d’échanger un minimum avec l’auteur, notamment pour savoir si ce que je peux lui apporter correspond à ses attentes, jusqu’où il est prêt à s’investir dans la promo (salons, dédicaces…), etc.
Mon conseil : N’hésitez pas à contacter les éditeurs pour leur poser vos questions ou leur parler de vos projets. Et au besoin, relancez.
Comme je le disais plus haut, la liste n’est pas exhaustive. Pensez également qu’il n’y a pas qu’une seule raison qui motive un refus. Et que si votre talent entre en ligne de compte, le facteur chance joue beaucoup lui aussi.
Bref, gardez confiance en vous, c’est le meilleur moyen d’y arriver. 🙂